Être journaliste en période de crise sanitaire

L’agence Comfluence et le Press Club de France dévoilent une étude exclusive réalisée auprès de journalistes sur les conséquences de la crise sanitaire sur la pratique et l’avenir de leurs métiers. La nouvelle donne liée à l’épidémie, marquée par le développement du télétravail et une place considérable occupée par les sujets santé, est perçue diversement par les répondants. Une certaine forme de pessimisme ressort, avec par exemple un tiers de journalistes affirmant ressentir une baisse de motivation ou d’inspiration depuis l’année dernière et 30% qui craignent une précarisation de la profession. Ils sont surtout 2 sur 3 à regretter la place trop importante occupée par la crise sanitaire au détriment d’autres thématiques. Au-delà de ces éléments ambivalents, l’étude Comfluence/Press Club de France révèle malgré tout le visage d’une profession en mouvement, qui a su s’adapter aux nouvelles contraintes et qui reconnaît le rôle positif joué par les attachés de presse, désormais attendus sur leur capacité à mieux comprendre, mieux cibler et construire une relation de confiance durable avec les médias.  

Malgré des contraintes évidentes, les rédactions ont maintenu un fonctionnement efficace au cours de la crise.

La crise sanitaire, qui perdure depuis mars 2020, a forcé les journalistes à s’adapter à de nouvelles conditions de travail, marquées par une place prédominante du télétravail : 44% le pratiquent à temps plein, 30% mélangent distanciel et présentiel. Cette nouvelle réalité a pu compliquer la réalisation de reportage, devenue plus difficile pour 58% des sondés, mais aussi avoir des conséquences négatives sur le temps requis pour l’élaboration et de production d’articles (selon 37% des sondés) ou dans l’accès aux entreprises à interroger (plus difficile selon 42% des sondés).

Une majorité estime cependant que la nouvelle organisation liée aux contraintes sanitaires n’a pas d’impact majeur dans leurs relations avec les sources et interlocuteurs extérieurs ou dans la coordination entre journalistes. 

1 journaliste sur 2 nourrit des inquiétudes sur les transformations du métier et du monde des médias induites par la crise

Les rédactions ont cependant souffert de la crise COVID aux yeux de celles et ceux qui les composent : 16% des journalistes interrogés ont constaté une baisse des effectifs, 11% ont remarqué une baisse d’audience de leur média. Plus du tiers des journalistes interrogés (35%) déclarent aussi ressentir moins de motivation et/ou d’inspiration depuis l’année dernière. 

Au global, 1 journaliste sur 2 se dit pessimiste des conséquences durables de la crise sanitaire sur leur quotidien. Soit parce que la période Covid-19 a accéléré négativement la mutation des médias (32%) ou parce qu’elle a modifié négativement le regard des Français sur les journalistes (19%). 

30% estiment aussi que le journalisme va être de plus en plus précaire en raison des impacts de la crise, tandis que 19% d’entre eux considèrent que les médias traditionnels perdent la bataille de l’audience et la confiance des publics, notamment les plus jeunes. 

Les journalistes se montrent également sévères à l’égard de la « boulimie » d’informations qui a caractérisée le cœur de la crise. La place écrasante prise par le COVID-19 au détriment d’autres thématiques est dénoncée par 65% des journalistes interrogés. Ces derniers jugent aussi avec une certaine sévérité la communication des organismes publics, souvent vue comme étant « trop alarmiste », propice à « semer la panique ». Certains répondants se montrent également sceptiques sur la communication de certains secteurs qui ont été aux premières loges de la crise, soit parce qu’ils ont été trop présents (industries de santé, laboratoires, voire restauration et évènementiel), soit au contraire parce qu’ils sont restés trop silencieux.

Au final, seul 1 journaliste sur 5 considère au contraire que la crise aurait amélioré le regard des Français sur leur profession, en permettant aux médias de jouer un rôle de vigie face à l’essor des fake news. 

À l’aulne d’une nouvelle relation avec les attachés de presse

Une nouvelle perception du rôle des attachés de presse semble émerger. 63% estiment que les attachés de presse ont su viser juste pendant la crise, en proposant des sujets en lien avec leurs attentes et leurs besoins. 46% des journalistes interrogés attendent désormais des attachés de presse qu’ils facilitent et fluidifient leurs demandes. 28% attendent de leur part qu’ils ciblent plus leur communication vis-à-vis des journalistes. Selon Jérôme Ripoull, directeur associé de Comfluence, et Olivier de Lagarde, président du Press Club, « la crise sanitaire semble offrir les bases d’une relation renforcée entre journalistes et attachés de presse, ces derniers ayant su montrer leur utilité au moment où tout changeait. Gage aux attachés de presse de savoir mieux saisir ces attentes ». 

En parallèle, la crise a eu un impact limité sur l’utilisation déjà bien ancrée des réseaux sociaux chez les journalistes. 63% les utilisent autant qu’avant mars 2020 comme source d’information, 28% y recourant encore davantage depuis le début de la crise. Une tendance qui doit inciter les attachés de presse et communicants à exploiter toujours plus les réseaux sociaux, pour amplifier leur communication auprès des influenceurs connectés.

Télécharger l’étude complète disponible en cliquant ici.