Entre engagements et responsabilité sociétale : quelle place pour les entreprises et les associations professionnelles

Le 1er tour de l’élection présidentielle est à peine passé, que déjà, on se projette sur ce que pourrait être le résultat du second tour, les premières mesures du futur président et son exécutif, qu’on spécule sur la composition du Gouvernement et qu’on questionne les rapports entre ce dernier et les forces économiques comme les corps intermédiaires.

Si cela fait longtemps que les entreprises, les organisations professionnelles, les ONG et les associations développent des structures et des relations avec les décideurs publics, force est de constater qu’elles changent d’ampleur. 

Il n’est plus seulement question ici de nourrir la relation entre une personne physique ou morale et les décideurs publics, mais de permettre à une organisation de « développer sa capacité politique, relationnelle et sociale (…) afin qu’elle puisse interagir positivement et coconstruire avec l’ensemble des parties prenantes (…) ». C’est ainsi que Béatrice Collin, co-directrice de l’Institut Européen et International et professeur de stratégie à ESCP Europe présentait la notion de « Diplomatie d’entreprise ». 

Ces dernières, dont l’objet est de plus en plus sociétal en réponse à de plus fortes exigences de la part des consommateurs citoyens, n’ont plus d’autres choix que d’intégrer cette donne dans les relations qu’elles nourrissent avec les décideurs publics et leur écosystème. Il ne s’agit donc plus uniquement de s’appuyer sur les fonctions communicantes de l’organisation, mais bien de penser sa stratégie diplomatique à travers deux dimensions complémentaires que Didier Lucas résume ainsi : « d’un côté, un outil stratégique dans la conception d’un nouvel art militaire de manière à influencer le débat démocratique et d’un autre, un outil stratégique auprès de la société civile ». 

A travers ce prisme, développer une diplomatie d’entreprise, reviendrait à créer les conditions d’être pleinement à l’écoute de la société (veille média, réseaux sociaux et politiques), de comprendre les grands enjeux et la concurrence (intelligence économique), de dialoguer avec l’ensemble de stakeholders et plus encore de les mobiliser autour d’une cause commune pour mieux éclairer et peser sur la décision publique. 

L’enjeu est d’autant plus grand que les politiques cherchent à repenser, dans un contexte de crise de la représentation, leur rapport aux Français avec, notamment, la recherche d’une nouvelle relation, plus directe avec eux.

Amener les entreprises, comme leurs organisations représentatives, à intégrer ses éléments au service de leur développement et de leur influence, les accompagner pour les traduire en actions concrètes dans leur fonctionnement et engagements et délivrer des solutions pertinentes pour nourrir le débat et contribuer à faire la décision, voilà les objectifs d’une diplomatie d’entreprise qui, à l’aune du second tour de la Présidentielle doit se réinventer.

Par Christophe Rondel, directeur général délégué de Comfluence