Le respect des autres est la 1ère valeur à transmettre pour les Français

Le sondage Ipsos pour La France Mutualiste sur la transmission et les relations intergénérationnelles révèle des craintes fortes dans la société Française. Éclairage avec Brice Teinturier.

Les Français veulent transmettre d’abord le respect des autres, mais aussi la confiance en soi et l’autonomie. Paradoxal ?

Brice Teinturier – Directeur général délégué, Ipsos France :  Les résultats de cette enquête, notamment sur les valeurs que les Français estiment être les plus importantes à transmettre, sont en partie l’expression de deux craintes majeures : sommes-nous encore capables de vivre ensemble ? Quel avenir sera celui des jeunes générations dans un monde de plus en plus incertain ? Parmi les qualités dont les répondants jugent qu’elles sont prioritaires à transmettre à un enfant, le respect des autres est plébiscité (58 %) et la tolérance est mentionnée par un répondant sur quatre. Ces scores élevés paraissent l’expression d’une inquiétude : dans les difficultés et les divisions que traverse notre société, ils montrent le souhait que le respect des autres demeure le socle de tous les échanges. L’importance accordée à la confiance en soi (41 %) et l’autonomie (26 %), pour sa part, traduit le sentiment que les nouvelles générations devront être fortes pour trouver leur place et savoir se battre pour s’en sortir. L’importance du travail résonne d’ailleurs en creux puisque le mérite est jugé comme un enseignement essentiel par 69 % des répondants.

Si plus de 8 Français sur 10 pensent que l’on n’accorde pas assez d’importance dans la société à la transmission, ils ne sont que 3 sur 10 à le considérer dès lors que l’on parle de la famille. Qu’est-ce que ce résultat vous inspire ?

Brice Teinturier : Au sein de la famille, les relations entre générations demeurent riches et actives. Au-delà du jugement que les générations se portent entre elles, au sein de la famille les liens intergénérationnels apparaissent comme riches et complémentaires. L’opinion que l’on a des différentes générations n’entrave pas les relations familiales. Les Français se disent reconnaissants envers leurs grands-parents pour l’histoire familiale et les valeurs qu’ils leur ont transmis, envers leurs parents, pour un soutien plus concret (voire financier) et quotidien (dans les moments difficiles), et envers leurs enfants et petits-enfants, pour leur présence affective, leur vision rafraîchissante du monde et leur aide au quotidien, par exemple pour l’appréhension des nouvelles technologies. Ces solidarités sont descendantes mais aussi très souvent ascendantes. Et c’est tout l’enjeu de ces prochaines années. En 2030, pour la première fois dans l’histoire démographique de la France, les « plus de 65 ans » seront plus nombreux que les moins de 20 ans. Face à ce phénomène, la question des solidarités ascendantes et de leur contenu se pose d’ores et déjà et elle est complexe car nous n’y avons jamais été confrontés. Et bien au-delà du cercle familial.