CNR : pour quoi faire ?

Annoncé par Emmanuel Macron avant les élections législatives, le Conseil National de la Refondation, dont les initiales font volontairement référence au Conseil national de la Résistance, poursuit un objectif ambitieux : « construisons ensemble l’avenir de la France ».

Pensé dans un contexte où le Président de la République se pensait détenir une majorité à l’Assemblée, il avait initialement vocation à rapprocher les Français et ceux qui, à côté du gouvernement, concourent à la prise de décision. 

Depuis, le Président de la République a perdu sa majorité absolue. Par conséquent, il ne peut recourir au 49 alinéa 3 de la Constitution qu’une fois par législature – hors textes budgétaires – et doit chercher chez ses alliés et dans ses oppositions des points de convergence, si bien que le dialogue est désormais presque plus important dans la sphère politique que dans la sphère sociétale.

Les reports successifs du lancement de ce CNR attestent par ailleurs d’une forme de fébrilité sur ses finalités mêmes et sur la méthode de travail. En effet, l’exécutif et le Président gardent en mémoire les séquences précédentes de dialogue direct qu’étaient le « grand débat national » et la conférence citoyenne. Longtemps promis, le Président n’avait d’autres choix que de mener à bien son projet, comme le rappelle Olivier Rozenberg, professeur associé au Centre d’études européennes et de politique comparée à Sciences Po : « C’est compliqué pour lui de s’asseoir dessus, surtout lui, qui n’aime pas être contraint par les événements à renoncer ».

Désormais, le CNR est lancé, de même que le site internet qui lui dédié. Celui-ci comptabilisait hier (25 octobre) 100 000 visites, et près de la moitié des décideurs aurait donné son adresse mail pour pouvoir être informée des débats. 

Connaissant des débuts complexes, le CNR est finalement assez peu exploité par les Français, et s’apparente pour certains à une instance dont la pertinence est questionnée.

Pour autant, depuis son lancement national et ses déclinaisons thématiques, le Gouvernement fait la démonstration que les parties prenantes s’emparent du CNR et qu’il parvient à des résultats tangibles. Tel est le cas du CNR santé, qui marque des premiers points avec l’accord des ordres professionnels sur des mesures innovantes en matière d’accès aux soins. 

Toutefois, les déclinaisons thématiques du CNR et les actions dans les territoires sont loin d’être terminées.

L’exécutif souhaite désormais donner au CNR une dimension très pratique, avec l’image d’une boite à outils à disposition des décideurs et des administrations, afin de contourner une Assemblée à la majorité incertaine. En effet, ce dernier se doit de s’appuyer sur ceux qui font et développent déjà, en interne ou avec leurs partenaires, des propositions de compromis, comme les organisations professionnelles largement contournées durant la première partie du quinquennat d’Emmanuel Macron.

C’est également l’occasion pour les organisations, les collectifs, les ordres, les entreprises, de valoriser dans la presse, dans les territoires et auprès des autorités administratives leurs initiatives exemplaires, leurs expérimentations, et de promouvoir des solutions simples, clés en main et applicables sans délai.

Certains y voient l’occasion de réenclencher le concept du choc de simplification. 

Pousser ce qui existe, soutenir ce qui s’expérimente, ramener au premier plan la capacité transformatrice des acteurs de terrain et de proximité : là résident les opportunités offertes par le CNR.

Par Christophe RONDEL, directeur général délégué de Comfluence