3 Questions à Francis Mambrini, Président de la FEIMA 

Comment le numérique contribue à renforcer la confiance des usagers dans leur système de santé ?  

Baisse de la démographie médicale, développement des maladies chroniques, déficit des ressources sanitaires et difficultés d’accès aux soins, cloisonnement des acteurs et ruptures dans les parcours de prise en charge, efficience des pratiques et des organisations, prévention… La santé, préoccupation majeure de nos concitoyens depuis plusieurs années, est confrontée à d’importants défis auxquels des réponses doivent être apportées pour maintenir/renforcer la confiance des Français dans leur système de soins.  

Pour l’émergence de ce nouveau pacte de confiance entre les Français et leur système de soins, le numérique est appelé à jouer un rôle déterminant à de multiples égards, notamment en libérant le potentiel et le temps des professionnels de santé. Cela passe par un support à la coordination des acteurs et le soutien aux pratiques déléguées, par la facilitation de l’accès aux soins, la simplification des pratiques professionnelles, le soutien à la pertinence et à la pertinence des actes tout autant que par le développement de la prévention personnalisée.  

Quels sont les principaux freins politiques qui empêchent aujourd’hui au numérique de libérer pleinement son potentiel, au service des professionnels de santé et des patients ?   

Saluons tout d’abord positivement les démarches qui ont été entreprises depuis 4 ans par les pouvoirs publics, notamment via la feuille de route du numérique en santé et le programme Ségur Numérique. Nous avons néanmoins conscience des défis qui restent à relever pour passer de la phase de transition numérique à la phase de développement de services à forte valeur d’usage au bénéfice des professionnels et des patients. Pour y parvenir, nous considérons qu’il est indispensable de :  

  • Résorber le déficit de confiance entre acteurs publics et acteurs industriels, prenant appui sur des démarches anticipées de concertation et de co-construction 
  • Mettre fin à l’éparpillement des mesures et des initiatives, au détriment d’une mobilisation collective sur les objectifs majeurs de la feuille de route et l’atteinte des résultats escomptés 
  • Mieux prendre en compte la conjugaison des intérêts publics, professionnels et industriels dans les mécanismes de régulation  
  • Renforcer les moyens alloués à l’ambition numérique, tant en matière d’investissement qu’en matière de soutien aux pratiques numériques des professionnels de santé 

Quelle place pour le numérique dans la santé de demain ?  

Au-delà du rôle majeur que joue d’ores et déjà le numérique en réponse aux défis d’organisation du système de santé (coordination, accès aux soins, simplification des pratiques), il ne fait aucun doute que les services sur lesquels nous sommes en train d’investir sont appelés à prendre une place prépondérante dans les pratiques professionnelles. Au-delà de cette phase, l’intégration de l’intelligence artificielle devra permettre de renforcer davantage l’aide à la décision sur les champs de la prescription et du diagnostic, de permettra le suivi personnalisé des traitements ainsi que de développer des programmes de prévention personnalisés. Sans compter sur les apports de l’IA pour la recherche et en matière de santé publique et populationnelle. 

Antoine SZARZEWSKI, Directeur Conseil en Affaires publiques – Directeur du Pôle Santé de Comfluence