Copernic ta com !

N’en déplaise à certains, la société du spectacle médiatique, portée à son apogée, n’explique pas que nous vivions depuis neuf mois au rythme de la pandémie mondiale générée par la Covid-19, alors même que la grippe de Hongkong en 1968-69 passa inaperçue, et qu’elle fit, à date, un nombre de victimes peu ou prou similaire en France et dans le monde.

Que l’on ne communique plus comme on le faisait 50 ans en arrière ne constitue pas ici une cause mais plutôt un effet, qui grossit le miroir que notre société se tend à elle-même.

Nous vivons un changement profond de société, et sans doute même d’humanité, qu’il serait étonnant de ne lire qu’à l’aune de la communication. En 50 ans, notre relation à la mort et à son acceptabilité a été bouleversée. De même que nos relations au pouvoir, au travail, à l’environnement, à la santé, aux libertés, à l’autorité.

D’extraordinaires paradoxes naissent de ces mutations dont il est parfois difficile de comprendre les cohérences et de lire les destinées.

La décision politique aspire-t-elle à s’appuyer sur la science pour mieux se déresponsabiliser en s’objectivant, qu’elle n’en retourne que mieux au doute, le propre de la science.

Les héros de notre temps aspirent-ils à défendre une certaine idée de l’honneur et du courage, qu’ils sont renvoyés au statut de victime… de leur héroïsme, comme certains n’ont pas manqué de s’en émouvoir en  considérant la plaque scellée à la mémoire du Colonel Beltrame.

Le principe de précaution s’érige-t-il en règle absolue qu’il se retrouve, comme la liberté, sommé de s’arrêter là où commencent les précautions d’autrui…

Pour être crédible et utile, la communication, comme science sociale mais aussi comme activité de conseil, se doit avant tout d’analyser et d’interroger ces mutations profondes qui sont à l’œuvre. Il faut oser nous décentrer – comprendre la société, agir en bonne intelligence à la lumière de ces transformations pour mieux mener les combats que l’on s’assigne – et déboulonner quelques statues virtuelles de « gourous » qui ont fait leur temps. Parce que ce n’est pas le soleil qui tourne autour de la communication, mais bien l’inverse !

Vincent Lamkin, directeur associé de Comfluence